Les grands incendies de l’été 2022 sont à peine éteints que se pose déjà la question des mesures à prendre pour préserver et restaurer la biodiversité dans les zones brûlées. Pour les espèces les plus fragilisées par le feu et ses conséquences indirectes, des actions rapides peuvent être nécessaires pour éviter un déclin de certaines populations, voire une extinction.
Comment prioriser ces actions en fonction de leur efficacité écologique, tout en tenant compte des ressources financières, forcément limitées, qui peuvent y être consacrées ? C’est un sujet sur lequel se sont penchés des chercheurs australiens, après les mégafeux qui ont touché leur pays en 2019 et 2020. Les résultats de leur travail ont été publiés en mai dernier dans la revue Conservation Biology et pourraient sans doute être utiles en France aussi.
Pour construire leur méthode de priorisation, ils se sont appuyés sur le croisement de plusieurs catégories de données, sur un territoire de plus de 2 millions de km2 :
- la répartition géographique des espèces en fonction de l’occupation des sols (obtenue grâce à un modèle de distribution d’espèces)
- la gravité des dommages causés par le feu dans les différents milieux naturels touchés et la proportion d’habitats affectés (en analysant des images satellite)
- les types de menaces auxquelles chaque espèce est susceptible d’être exposée à l’issue d’un incendie : perte d’habitat, réduction des ressources alimentaires, concurrence accrue avec d’autres espèces, notamment invasives, etc. (utilisation d'une base de données des menaces établie à partir des recommandations de l’IUCN)
- le coût estimé des différentes actions de restauration à mener (en examinant les dépenses engagées lors de précédents programmes de préservation de la biodiversité)
Ces croisements de données ont permis in fine à l’équipe de chercheurs de hiérarchiser les zones géographiques incendiées selon les bénéfices écologiques et les coûts économiques des actions de restauration qu'il faudrait y mener.
Peut-on enrichir encore cette démarche méthodologique ? Chez TerrOïko, nous aurions évidemment tendance à compléter l’analyse par une simulation des dynamiques de populations d’espèces (c’est notre spécialité 😇). Cette approche permettrait en effet de s’assurer que les espaces naturels jugés prioritaires pour les mesures de restauration sont effectivement fonctionnels pour les espèces qui les habitent, c’est-à-dire que ces dernières peuvent y accomplir l’intégralité de leur cycle de vie et donc assurer leur survie à moyen et long termes.
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