Pour la première fois, une étude publiée dans la revue "Science" quantifie à l’échelle mondiale la baisse de capacité des plantes à migrer pour s’adapter au changement climatique, en raison de la disparition progressive des populations d’animaux susceptibles de transporter leurs graines.
Pour assurer leur dispersion, c’est-à-dire pour coloniser de nouveaux territoires, la moitié des espèces végétales dans le monde comptent sur les animaux. Cette dépendance est d’autant plus critique que le changement climatique force les plantes à accélérer leurs migrations vers de nouveaux habitats. Or, la diminution constante des populations animales réduit avec elle les chances pour les plantes de voir leurs graines voyager loin.
Quelle est l’ampleur du phénomène ? Pour le quantifier, les chercheurs ont construit une démarche scientifique reposant sur la modélisation des dynamiques de dispersion à partir des traits de vie des espèces (ce qui est très proche de ce que nous faisons avec notre logiciel de simulation SimOïko).
L’équipe de scientifiques s’est concentrée sur la consommation de fruits charnus par les oiseaux et les mammifères. Ils ont d’abord utilisé les données provenant de milliers d’études passées, afin de recenser les traits de vie de chaque espèce étudiée. Grâce à ces informations, ils ont pu modéliser les interactions entre toutes les espèces végétales et animales étudiées : quels animaux consomment quels fruits, à quelles distances ils disséminent les graines, quels sont les effets de leur digestion sur les graines, etc. A l’issue de cette étape, ils disposaient d’une première simulation des dynamiques de dispersion des plantes.
Le deuxième défi a consisté à prédire ces dynamiques pour les plantes pour lesquelles les données d’étude n’existent pas. Grâce au machine learning, les espèces non étudiées ont pu être rapprochées d’autres espèces similaires, dont les traits de vie étaient connus. Par extrapolation, il devenait ainsi possible d’intégrer à la modélisation globale les espèces sans données.
La dernière étape, enfin, a consisté à comparer les dynamiques de dispersion actuelles (tenant compte des extinctions d’espèces animales) à une simulation de ce qu’il se serait passé si les populations d’animaux n’avaient pas diminué. Résultat : à l’échelle mondiale, la réduction du nombre d’oiseaux et de mammifères a déjà fait chuter de 60 % la capacité des plantes concernées à migrer vers de nouveaux habitats pour échapper au changement climatique.
Lire l’article de vulgarisation rédigé par les auteurs
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