Les clôtures agissent comme des obstacles pour la faune. Le projet Polymor-FENCE (2024-2026) vise à en étudier les effets directs (mortalité d'animaux) et indirects (fragmentation des milieux naturels). Il porte spécifiquement sur les clôtures de centrales photovoltaïques, dans un contexte de développement massif de ces installations, afin que décarbonation et préservation de la biodiversité puissent être menées de concert.
Au regard du dernier rapport du GIEC, le développement des énergies renouvelables (EnR) apparaît comme une solution concrète et prometteuse pour l’atteinte des objectifs climatiques globaux. Or, cette montée en puissance inquiète la communauté scientifique, dont les récents travaux de prospective montrent l’absence de prise en compte des impacts du développement des EnR sur la biodiversité, à l’heure où la sixième vague d’extinction massive des espèces est avérée.
En particulier, le développement massif attendu des centrales photovoltaïques (CPV) clôturées risque d'accentuer très fortement la fragmentation des milieux naturels, l’une des principales causes de perte de biodiversité d’après l’IPBES. L’impact des CPV, depuis leur conception jusqu'à leur démantèlement, doit donc être évalué afin de mieux concilier les enjeux climatiques et écologiques.
L’hypothèse testée dans le cadre de ce projet est que la présence des CPV au sein de réseaux écologiques fonctionnels engendre deux types d’impacts, directs (mortalité animale) et indirects (ruptures des continuités écologiques). Les travaux menés dans le cadre de Polymor-Fence ont donc pour objectif de développer des outils et méthodes permettant d’analyser ces impacts, pour mieux les prendre en compte à toutes les étapes de développement des CPV :
- dès la phase de planification territoriale (SRADDET, SCoT, PLUi)
- lors de la conception des projets (études d’impact)
- et tout au long du cycle de vie des centrales, notamment via le suivi de l’efficacité des mesures environnementales décidées dans le cadre de la séquence ERC (éviter, réduire, compenser)
Les outils et méthodes développés dans le cadre de ce projet s'appuient sur deux grandes briques technologiques :
- l’analyse automatisée, notamment par intelligence artificielle, de données satellites et aériennes et de photos prises au sol, afin de localiser les clôtures et de déterminer leur typologie. L’un des enjeux du projet est en effet d’évaluer les impacts des clôtures en fonction des différentes formes qu’elles peuvent prendre et de leurs modalités d’installation.
- l’utilisation d’outils de simulation numérique du fonctionnement des réseaux écologiques pour comprendre si et comment les clôtures des CPV interagissent avec les espèces à différentes échelles.
Grâce à l’utilisation de briques technologiques open source interopérables avec les outils nationaux et mobilisables par l’ensemble des acteurs des CPV, Polymor-FENCE permet aussi d’initier une dynamique collaborative et participative nationale structurante pour l'ensemble de la filière. Les travaux permettront d’une part de prévenir les impacts des CPV sur la biodiversité, mais aussi de fournir des résultats généralisables et rapidement transférables à la plupart des activités ayant l’usage de clôtures (transport, sécurité, sûreté, etc.).
Carte d'identité
- Appel à projet de recherche : APR Energie Durable 2023
- Financement : ADEME
- Acronyme : Polymor-FENCE
- Titre complet : Polymorphisme de clôtures des centrales photovoltaïque, Fragmentation des Espaces Naturels et Continuités Écologiques
- Mots clés : Intelligence artificielle, apprentissage profond, télédétection, données participatives, planification territoriale, évaluation environnementale, modélisation, connectivité fonctionnelle, séquence ERC
- Coordinateur (nom et organisme) : Sylvain Moulherat (TerrOïko)
- Autres organismes partenaires : Cybill Staentzel (LIVE - UMR 7362 - ENGEES)
Éric Maire (LIVE - UMR 7362 - CNRS)
Caryl Buton (Cabinet X-AEQUO) - Budget total : 651 187 €
- Aide totale demandée : 299 739 €
- Durée du projet : 36 mois