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Pollution sonore : notre méthode pour modéliser et évaluer ses impacts sur les espèces

cartes impacts pollution sonore

On a modélisé l’impact de la pollution sonore sur les dynamiques écologiques. Et on vient de publier un article pour tout vous expliquer.

Comme toujours, on a commencé par potasser la littérature scientifique.

Le nombre d’études sur le sujet est en nette augmentation depuis une dizaine d’années. Même si les connaissances sont encore incomplètes, la plupart des travaux montre que le bruit a des effets négatifs pour une majorité d’espèces étudiées, à partir de certains niveaux sonores et/ou dans certaines fréquences.

Ces effets sont principalement décrits comme affectant la densité d’individus observés. D'après les études consultées (qui portent sur certaines espèces d’amphibiens, d’oiseaux et de mammifères), le nombre d’animaux par unité de surface recule ainsi de 3% à chaque décibel supplémentaire, à partir d’une valeur seuil.

Les amphibiens et les oiseaux étudiés semblent être concernés dès 45 dB, tandis que les mammifères semblent ne l’être qu’à partir de 60 dB.

En se basant sur ces connaissances scientifiques, on a donc pu établir une relation entre le niveau de puissance sonore et la qualité des milieux naturels, c’est-à-dire leur capacité à constituer des habitats favorables et des espaces de déplacements pour les espèces.

Pour analyser l’impact spécifique du bruit sur les dynamiques de populations des espèces étudiées, il suffit alors de comparer les résultats de deux modélisations :

  • l’une est réalisée en s’appuyant uniquement sur les caractéristiques des milieux naturels (données d’occupation des sols) ;
  • l’autre est réalisée en « dégradant » la qualité de ces milieux naturels en fonction des données de nuisances sonores disponibles.

On a par exemple appliqué cette méthode pour évaluer l’impact de la pollution sonore autour d’un tronçon de la future ligne 18 du métro du Grand Paris Express.

Cette étude a permis de montrer que le bruit modifiait fortement les habitats potentiels et les déplacements des espèces, non seulement le long du tracé de la ligne de métro, mais plus largement à proximité de toutes les infrastructures de transport dans la zone étudiée.

Reste un point important : pour que cette méthode de modélisation fonctionne, encore faut-il disposer de données de nuisances sonores robustes.

Or, à ce stade, les données disponibles sont généralement des indicateurs construits pour évaluer l’impact du bruit selon la perception de l’oreille humaine.

On lance donc un petit message à qui voudra l’entendre : on a besoin d’accéder à des données brutes, c’est-à-dire directement issues des capteurs acoustiques.

Elles permettront de prendre en compte des fréquences sonores qui ne sont pas perceptibles par l’être humain mais affectent la biodiversité.

 Lire notre article dans la revue Sciences, Eaux & Territoires

 

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 Christophe Plotard