C’est une question qui revient souvent quand on parle de modélisation écologique. Est-on sûr que des outils numériques peuvent représenter de manière réaliste les processus à l’œuvre dans la nature
Sous-entendu : peut-on se fier à ces méthodes (et aux résultats qu’elles produisent) pour prendre des décisions en faveur de la biodiversité ?
Pour vous répondre, on vous invite à lire un article récemment publié par une équipe de chercheurs nord-américains dans la revue Ecology and Evolution (lien en bas de ce post).
Il dresse un état des lieux des progrès réalisés depuis dix ans et des défis scientifiques qui restent à surmonter en matière de modélisation de la connectivité écologique.
La connectivité, c’est, de manière simplifiée, la capacité des espèces à se déplacer au sein du paysage dans lequel elles vivent, par exemple pour se nourrir, assurer leur brassage génétique ou encore migrer d’un habitat à l’autre.
En dix ans, les avancées scientifiques ont permis d’améliorer considérablement les techniques de modélisation de cette connectivité écologique, et ainsi d’accroître leur réalisme.
L’article se penche sur quatre aspects en particulier :
- la prise en compte des réalités biologiques, notamment les comportements de déplacement de espèces, les paramètres démographiques, la complexité des paysages, ou les interactions entre espèces
- la prise en compte de certains facteurs susceptibles d’influencer la direction des déplacements des espèces (par exemple les courants en milieu aquatique)
- la prise en compte du changement climatique, de son rôle dans la dynamique de transformation des paysages et de son influence sur les déplacements des espèces
- la pertinence, selon les cas, de modéliser la connectivité pour une seule espèce ou pour plusieurs espèces.
Y a-t-il encore des lacunes à combler ? Oui, répondent les auteurs de l’article, qui dressent une liste de priorités et de besoins pour la recherche?
Dans certaines situations, reconnaissent-ils, ces lacunes ne doivent pas être un frein : l’urgence à prendre des décisions pour protéger la biodiversité peut conduire à s'appuyer sur des données et des outils de modélisation relativement simples.
Mais lorsqu'il est possible de recourir à des modèles et des méthodes plus perfectionnés, ajoute l'article, ce sont ces outils qui doivent être privilégiés dans la plupart des cas pour obtenir un niveau de réalisme suffisant, et guider ainsi la prise de décisions non seulement pour freiner le déclin de la biodiversité, mais aussi pour l'inverser.
Lien vers l'article https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ece3.70231
Image : CC BY 4.0; Amanda R. Liczner et AL; Advances and challenges in ecological connectivity science; 01 September 2024
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