Le changement climatique étant l’une des cinq causes majeures de disparition des espèces, il est tentant de penser qu’en réduisant l'impact carbone de nos activités, on fait aussi un geste pour la biodiversité.
C’est en fait beaucoup plus complexe, voire totalement faux dans certains cas.
On ne vous en parle pas souvent, mais TerrOïko pilote ou est participant de nombreux travaux de prospective sur l’avenir de la biodiversité, aussi bien à l’échelle nationale (par exemple au sein de l’UPGE (Union professionnelle du génie écologique) ou de l’AFIE (Association Française Interprofessionnelle des Ecologues)) qu’au niveau européen (actuellement dans le cadre du projet Bison).
Toutes ces études aboutissent systématiquement à la même conclusion : si nos sociétés se concentrent exclusivement sur l’objectif de décarbonation, non seulement on ne va pas résoudre la crise de la biodiversité, mais on va même l’accélérer.
Trois exemples d'hypothèses discutées pendant ces travaux :
- Le développement des énergies bas carbone implique la construction de nombreuses infrastructures (parcs éoliens et solaires, centrales hydroélectriques ou nucléaires, etc.), dont nous connaissons encore mal les risques en termes d’impacts cumulés sur les écosystèmes.
- Sans changement dans les pratiques, la décarbonation des carburants (par exemple grâce à une alternative au pétrole à prix très accessible) servira notre demande croissante de mobilités, donc conduira à un usage accru des infrastructures de transports et au besoin d’en construire toujours plus, ce qui aura pour conséquence, in fine, de fragmenter davantage encore les réseaux écologiques et d’augmenter les pollutions.
- La plantation d’arbres pour améliorer la captation du carbone, si elle ne prend pas en compte les équilibres écologiques existants, peut en définitive contribuer à augmenter la compétition entre espèces ou à perturber le cycle de l’eau.
Il est donc impératif de traiter toutes les urgences environnementales de manière simultanée et coordonnée, avec les mêmes moyens et la même détermination.
Concrètement, tous ceux avec lesquels nous menons des travaux de prospective pointent trois actions prioritaires pour passer à la vitesse supérieure :
- Pousser l’ensemble des acteurs publics et des entreprises à consacrer une partie de leur budget au financement d’actions pour la biodiversité, comme ils le font aujourd’hui en matière de réduction de leur impact carbone.
- Organiser la formation et la montée en compétence de tous les professionnels, du privé comme du public, impliqués dans des activités susceptibles d’avoir un impact sur les espèces et les écosystèmes, notamment dans l’aménagement et le développement des territoires.
- Planifier les actions et les intégrer dans des stratégies écologiques à long terme et à large échelle.
Décarbonation ou préservation de la biodiversité, il est vraiment temps de ne plus choisir !
Vous voulez être sûr de ne manquer aucune info ? Inscrivez-vous pour recevoir, tous les deux mois, notre newsletter dédiée à la biodiversité et aux technologies numériques.