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Restauration après incendies : ce que montre la modélisation écologique dans des paysages qui changent

Landes de Gascogne

Comment simuler la vie et les déplacements des espèces dans des paysages qui changent au cours du temps ?

Pour répondre à cette question, on a lancé il y a un an et demi la modélisation en paysage dynamique avec notre logiciel SimOïko. 

C’est une fonctionnalité qu’on a par exemple utilisée récemment dans le cadre d’une étude que nous a confiée le Parc naturel régional des Landes de Gascogne. Il s’agissait de diagnostiquer les continuités écologiques avant et après les incendies géants de l’été 2022, qui ont parcouru plus de 15 000 hectares du Parc.

L’un des enjeux était d’anticiper ce qui serait susceptible de se passer si les parcelles d’exploitation sylvicoles brûlées étaient toutes replantées à peu près en même temps (entre un et trois ans après l’incendie), après avoir été préalablement « nettoyées » via des coupes rases.

Ce type de parcelles constitue, par définition, un milieu naturel dont les caractéristiques changent rapidement : les landes deviennent peu à peu de jeunes plantations de pins maritimes, lesquels finissent par former une forêt puis sont abattus une fois arrivés à maturité, au bout d’une quarantaine d’années.

Ces évolutions ont un impact direct sur les espèces animales qui vivent habituellement dans les landes, comme certains oiseaux et papillons : elles fréquentent ces parcelles tant que la pinède est jeune (environ dix à quinze ans après la plantation), puis les quittent lorsque les arbres deviennent plus grands.

Pour évaluer les dynamiques démographiques à long terme de ces espèces dans un paysage de ce type, on s’appuie donc sur les capacités de paramétrage avancé qu’offre SimOïko, notre logiciel de simulation de la biodiversité

Dans le cas des Landes de Gascogne, on a ainsi établi des paramètres de simulation qui varient selon l’âge des pinèdes, et grâce à des images satellite, on a défini la « tranche d’âge » initiale de chaque parcelle avant l’incendie. SimOïko a fait le reste.

Résultats : les oiseaux, qui ont une forte capacité de dispersion (migration d’un habitat vers un autre) ont de fortes chances de recoloniser rapidement les pinèdes nouvellement plantées dans les zones brûlées. 

A une échelle plus large, en prenant en compte leurs habitats situés autour des secteurs incendiés, les oiseaux pourraient même être plus nombreux dans les prochaines décennies que si les feux n’avaient pas eu lieu.

A l’inverse, les papillons, qui ont une faible capacité de dispersion, risquent de ne pas parvenir à recoloniser les zones incendiées au cours des quarante prochaines années. 

Pour ce type d’espèce, le fait de « synchroniser » les cycles d’exploitation des pinèdes sur les parcelles brûlées est un obstacle majeur : en étant replantées au même moment, ces zones de pinèdes cesseront toutes d’être attractives pour les papillons au bout de dix à quinze ans. Un délai trop court pour que ces derniers puissent reconstituer leurs populations.

 

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 Christophe Plotard